mardi 5 décembre 2017

Un projet d'implantation d'antennes-relais à Vincennes qui pose question

Le CVF étant membre du Comité Local de Concertation sur les Ondes Électromagnétiques de Vincennes, ainsi que membre du Comité de Dialogue Radiofréquences-Santé à l'ANSES, nous avons été interpellé à ce titre par de nombreux Vincennois au sujet d’un projet d’implantation de 3 opérateurs de téléphonie mobile ( Orange, Free et Bouygues) au 62 rue des Trois Territoires à Vincennes. De fait, nous considérons nécessaire de faire ici, un rapide point d’information sur cette question.

Il est utile de rappeler que Free n’a actuellement sur Vincennes qu’une station de base avenue de Paris (voir site cartoradio : https://www.cartoradio.fr/cartoradio/web/) et a des obligations réglementaires de couverture en 3G à échéance de janvier 2018. S'agissant de Bouygues leurs antennes situées sur les toits de la cité industrielle en cours de démolition sont dorénavant hors service. Quant à Orange, l'opérateur va perdre également une station de base dans ce même quartier d’ici un an. Pour une bonne réception et un niveau d’exposition le plus bas possible au téléphone, un quadrillage de notre ville est nécessaire. Pour autant,  le CVF reste extrêmement vigilant afin que les nouvelles implantations ne créent pas de surexposition, de points dits atypiques. Il nous semble nécessaire que chacun puisse bénéficier de la téléphonie sans y être pour autant exposés plus que de raison.

S'agissant du projet d'installation qui pose question à ce jour, nous avons eu l’occasion, au cours de réunions du Comité Local de Concertation sur les Ondes Électromagnétiques présentant ce projet, de formuler notre réticence à ce projet aux opérateurs. En premier lieu car la première présentation du dossier projetait des antennes en direction des écoles de l’Est et tout particulièrement à moins de 100 mètres de l’Ecole Maternelle. En second lieu, nous avons souligné que 3 opérateurs sur ce  toit peu large risquait d'induire une exposition trop importante.

Nous soulignons que suite à cela,  les opérateurs sont revenus avec un projet modifié, abandonnant les azimuts en direction des écoles. Toutefois, et malgré cet effort des opérateurs, nous avions souligné que cette implantation ne nous semblait toujours pas satisfaisante à raison du risque d’impact trop important au regard d’habitations et terrasses à grande proximité.


Depuis, ayant été invité à visiter certains riverains en étages élevés à proximité de ce projet, le CVF se trouve conforté dans l’idée que ce projet n’est pas satisfaisant. Nous allons donc continuer de porter nos arguments à la connaissance des opérateurs.

Sachez que les riverains de ce projet ont créé une association afin de s'opposer à cette implantation. Il s'agit de l'association StopAntennes3Territoires.
Leur adresse mail : stopantennes3territoires@gmail.com

mercredi 29 novembre 2017

La fermeture du Collège Saint-Exupéry à Vincennes n’est pas une simple précaution

Rappel des faits :

Suite à des investigations diagnostiques préalables à des travaux de réhabilitation du collège, différents polluants ont été trouvés dans les sols, hydrocarbures, métaux, solvants chlorés. L’importance des résultats de ces premières analyses en solvants chlorés a conduit à réaliser un diagnostic plus précis sur ces solvants chlorés quant à leur transfert vers l'air intérieur, à savoir ici TCE et PCE.

Lisant, dans la presse notamment, de nombreux articles qui nous semblent entretenir une certaine confusion sur la réalité de la pollution dans ce collège (erreur entre µg/m3 et mg/m3, risque ou urgence sanitaire…), nous souhaitons ici revenir sur quelques éléments de compréhension.

Les polluants principaux dont il est question :

PCE : Tétrachloroéthylène ou Perchloroéthylène :
Catégorie 2A selon le CIRC, soit la liste des agents probablement cancérogènes

Valeurs d’exposition sur une durée supérieure à 1 an :
·         250 µg/m3 : valeur repère de qualité de l’air.
·         1250 µg/m3 : valeur d’action rapide pour laquelle le HCSP recommande une action immédiate visant à faire cesser ou réduire l’exposition des habitants ou usagers de tout bâtiment privé ou public. Les actions correctives mises en œuvre viseront à abaisser le niveau de concentration en PCE dans les bâtiments concernés en dessous de 250 μg/m3.

TCE : Trichloroèthylene :
Catégorie 1 selon le CIRC, soit la liste des agents cancérogènes certains

Valeurs d’exposition sur une durée supérieure à 1 an :
·         2 µg/m3 comme valeur repère de qualité de l’air.
·         10 µg/m3 comme valeur d’action rapide ; elle déclenche la mise en œuvre d’actions correctives pour abaisser la concentration à moins de 2 μg/m3 dans les bâtiments dans un délai de moins de six mois.
En 2012, le HCSP (Haut Conseil de Santé Publique) rappelait au sujet du TCE que si la valeur repère de 2 µg/m3 est retenue  "des teneurs inférieures ou égales témoignent d'une bonne qualité d'air il convient de garder à l'esprit que le trichloroéthylène est un cancérogène sans seuil d'innocuité et que l'objectif doit toujours être de réduire les concentrations à un niveau aussi bas que raisonnablement possible".

Le TCE étant un cancérogène sans seuil cela signifie que les valeurs retenues, le sont à raison d’un risque estimé acceptable. Un cancérogène sans seuil ne connait pas de dose d’exposition en dessous de laquelle il n’y a aucun risque.

Les valeurs d’exposition constatées au sein du collège :

Les analyses d’air intérieur ont été réalisées par prélèvements actifs (Pompage de l’air sur quelques heures) et prélèvements passifs (réalisés sur 7 jours, généralement minorant l’estimation de 10 à 15 % mais étant la base sur laquelle il est admis de se fonder pour définir si les valeurs d’exposition sont dépassées ou non).

C’est tout particulièrement le TCE qui a été retrouvé en dépassement de valeur d’action rapide dans un grand nombre de prélèvements passifs au sein des différents bâtiments et étages du collège.
En mettant de côté la galerie souterraine, non fréquentée par les enfants, c’est dans le réfectoire que le plus fort dépassement en TCE est constaté : 54,8 µg/m3  du 26 octobre au 2 novembre (65,8 µg/m3 en prélèvement actif le 2 novembre. Ces résultats sont à comparer au prélèvement actif de septembre de 213 µg/m3)

Les solvants chlorés étant particulièrement volatils, il est normal de constater cette grande variation entre les prélèvements actifs de septembre et ceux de novembre. Températures, vents et pressions atmosphériques sont des éléments qui induisent ces variations liées au dégazage de la nappe phréatique et des terres impactées, vers les lieux de vie.

Dans les différentes salles de classe, les valeurs en prélèvement passif montrent des résultats au-delà de la valeur d’action rapide quasiment partout. Par exemple, au deuxième étage, les valeurs sont encore conséquentes à savoir, selon les salles, de 15 à 25 µg/m3 en passif en novembre.

Vous pouvez retrouver les différents documents disponibles sur la page dédiée sur le site de la Ville de Vincennes : https://www.vincennes.fr/Actualites/Famille/Derniere-minute
Il est important de souligner que ces documents ont été mis à disposition du public, quelques jours seulement après l’information de cette pollution.

Compte tenu de l’importance d’impact en surface d’établissement, c’est-à-dire 70 % de celui-ci,  il était matériellement impossible de maintenir l’activité au sein du collège en évitant les salles en dépassement.

Au sujet du risque sanitaire :

Il semble utile de préciser qu’en présence d’un agent cancérogène sans seuil, il y a nécessairement risque sanitaire. Il faut également rappeler que le TCE, outre d’être cancérogène avéré est également mutagène et toxique pour la reproduction. Le risque sanitaire vis-à-vis de ce type d’agent ne peut être quantifié que de manière statistique dans la mesure où chaque organisme a sa propre réponse face à un polluant. Pour illustrer cela par un exemple simple, nous pouvons prendre l’exemple du fumeur : la fumée de cigarette contient un grand nombre d’agents cancérogènes avérés, pour autant, le fumeur ne développera pas nécessairement un cancer. Selon sa vulnérabilité personnelle, ainsi que l’ensemble des éléments endogènes ou exogènes au cours de sa vie (génétique, alimentation, activité sportive, exposition à d’autres polluants…) la réponse en terme de santé sera individuelle, bien que soumise à un risque statistique réel.

S’agissant du TCE, les valeurs citées plus haut, ont donc bien été déterminées sur la base d’un risque statistique acceptable. La valeur d’action rapide de 10 µg/m3 correspond à un excès de risque de 1 cas pour 100 000. Ce risque statistique a permis de dire qu’il n’y avait pas d’urgence sanitaire, c’est-à-dire, ainsi que l’a précisé l’ARS, il n’y a pas d’urgence à consulter son médecin. Toutefois le risque statistique acceptable étant dépassé, il était donc nécessaire dès lors que cette pollution était connue, de faire cesser l’exposition rapidement. La fermeture du collège dans l’attente de travaux de dépollution semblait donc une évidence.

La fermeture de ce collège n’était, selon nous, pas une simple précaution mais bien une nécessité. En revanche cette constatation n’influe en rien sur le besoin de trouver des solutions adaptées pour une poursuite dans les meilleures conditions possibles de la scolarité des enfants concernés.

Pourquoi cette pollution n’a pas été découverte plus tôt :

Dans notre article du 16 novembre (voir ci-dessous https://collectifvigilancefranklin.blogspot.fr/2017/11/resultats-de-la-campagne-de-diagnostics.html ), nous évoquions la campagne nationale de diagnostic à laquelle a échappé ce collège, mais la crèche Liberté également, du fait que l’usine BAC et fils, très possiblement à l’origine de la présente pollution, n’était pas référencée sur la base de données BASIAS ayant servie à l’identification des établissements à diagnostiquer.
Il apparait nécessaire, qu’une recherche approfondie dans les archives municipales et départementales soit effectuée afin de conserver une mémoire la plus complète possible sur les activités passées des différents territoires. Ceci est d’autant plus vrai avec l’évolution vers la Métropole du Grand Paris qui risque de diluer plus encore cette connaissance mémorielle.

Une autre campagne règlementaire portant sur la qualité de l’air intérieur, lancée en 2013 est actuellement en cours à l’échelle nationale. Au niveau de la Ville de Vincennes, la Mairie a déjà fait effectuer les contrôles dans ses crèches et écoles maternelles. On peut alors se demander pourquoi les problèmes en solvants chlorés n’ont pas été détectés à cette occasion, au sein de la crèche Liberté et du réfectoire de l’Ecole Maternelle du Nord ? Tout simplement parce que le cadre réglementaire en la matière, n’enjoint de vérifier que 3 substances : le formaldéhyde, le benzène et le dioxyde de carbone. Le tétrachloroéthylène a été ajouté, mais uniquement si l’établissement visé se trouve contigu à un pressing ou un stockage de vêtements nettoyés au perchloroéthylène.
On peut donc en déduire que même si le collège Saint-Exupéry avait fait l’objet de ce diagnostic de qualité de l’air intérieur, le PCE n’aurait pas été recherché.  Or en matière de pollution, on ne trouve que ce que l’on cherche.

En conclusion, outre l’attention toute particulière sur cette problématique dans les diagnostics de sols à construire,  il nous semblerait utile que TCE et PCE soient systématiquement recherchés dans les contrôles réglementaires de qualité de l’air intérieur du bâtis existant puisque ces solvants sont bien souvent retrouvés dans les bâtiments ayant été construits sur une ancienne friche industrielle de petite ou grande ampleur.


samedi 18 novembre 2017

Secteurs d'information des sols en Val de Marne

Vous trouverez dans l'article en lien ci dessous, une information sur une des obligations de la loi ALUR s'agissant de la pollution des sols, en l'espèce dans le Val de Marne :

https://94.citoyens.com/2017/secteurs-pollues-val-de-marne-bientot-annexes-plu,17-11-2017.html

jeudi 16 novembre 2017

Résultats de la campagne de diagnostics dans les écoles

Le CVF se réjouissait en 2010 du lancement d’une campagne nationale de diagnostics dans les lieux recevant des enfants, ayant étés construits sur ou à proximité de sites potentiellement pollués.  Nous savions que l’affaire Kodak-Vincennes était à l’origine de cette campagne de grande envergure et avions eu l’occasion de discuter de cette action dans le cadre de l’élaboration du Plan Regional Santé-Environnement 2. Un long travail de croisement des cartes situant les établissements recevant des enfants avec la base de données BASIAS recensant les sites industriels potentiellement polluant a été effectué pour déterminer les lieux devant être investigués. Nous avions toutefois souligné lors du PRSE 2 que la base de données BASIAS était partiellement lacunaire.http://www.georisques.gouv.fr/dossiers/inventaire-historique-des-sites-industriels-et-activites-de-service-basias#/

En Ile de France, la campagne de diagnostics avait débuté par les établissements situés en grande couronne. Lorsque cette première campagne fût achevée, les résultats furent publiés et chaque personne intéressée a pu lire les résultats de ces diagnostics. Les établissements ayant été classés en catégorie A, B ou C :

A : Les sols des écoles ne posent pas de problème
B : les aménagements et les usages actuels permettent de protéger les personnes des expositions aux pollutions, qu'elles soient potentielles ou avérées. Des modalités de gestion de l'information doivent cependant être mises en place pour expliquer ce qui doit être fait si les aménagements ou les usages de lieux venaient à être modifiées.
C : les diagnostics ont montré la présence de pollutions qui nécessitent la mise en œuvre de mesures techniques de gestion, voire la mise en œuvre de mesures sanitaires.

A l’issue de la première campagne, 76 % des établissements étaient classés en catégorie A, 23 % en catégorie B, et  1% soit 4 établissements en catégorie C


Dans le même temps démarrait la seconde vague de diagnostics. Pendant l’élaboration du PRSE 3, auquel nous avons également participé, la question a été mise de côté, les diagnostics étant en cours. En revanche, pour cette seconde vague, nous ne trouvions plus aucune communication sur le sujet et les liens vers d’éventuelles  informations sur les résultats aboutissaient systématiquement vers ce genre de page : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/404


L’association Robin des Bois a réussi, après avoir dû saisir la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA),  à obtenir les résultats de la seconde vague de diagnostics en Ile de France et les publie ce jour sur son site  :  http://www.robindesbois.org/votre-ecole-est-elle-toxique-suite/#idf
  
Sur 123 établissements  diagnostiqués, 71 sont classés en catégorie B, et 5 établissements en catégorie C. Dans Paris intra-muros, 40 crèches ont été diagnostiquées dont 21 classées B, et 9 classées C. Nous ignorons si les écoles ont été diagnostiquées.

Depuis le début de la semaine, malheureusement, la ville de Vincennes fait de nouveau parler de ses écoles avec la découverte d’une pollution aux solvants chlorés au collège Saint-Exupéry ainsi qu’à la crèche Liberté, mitoyenne au collège. Pollution justifiant la fermeture des établissements le temps nécessaire à la dépollution de ces tristes reliquats industriels.  Il apparait que ces établissements n’aient pas été diagnostiqués dans le cadre de cette campagne. En effet,  l’usine ayant probablement pollué ces sols n’a jamais été répertoriée sur le site BASIAS


S’agissant de la pollution Kodak-Vincennes, le Préfet ayant décidé l’arrêt de la surveillance, nous avons décidé, à raison de notre vigilance, lors des fortes précipitations et crues du printemps 2016, de faire procéder à un relevé de hauteur de la nappe phréatique impactée par la pollution, par un laboratoire agréé.  Nous avons ainsi pu constater une remontée de la nappe à un niveau qu’elle avait aux alentours de l’année 2003 (mais moindre que dans les années problématiques).  Depuis, nous avons pu obtenir de la Mairie que soit intégrée à l’Agenda 21 de notre ville, une action de surveillance de cette nappe phréatique.