vendredi 1 juillet 2011

L'étude nationale de surveillance des expositions alimentaires aux substances chimiques.


Le CVF s’est rendu le mercredi 29 juin, à l’invitation de l’Anses pour la restitution des travaux de l’étude nationale de surveillance des expositions alimentaires aux substances chimiques menée de 2006 à 2010 (1)

Environ 20 000 produits alimentaires ont été achetés, préparés, et analysés pour y rechercher la présence de 445 substances ( dont 283 substances actives liées aux pesticides, des métaux lourds, des contaminants issus des activités humaines, phyto-estrogènes, quelques additifs, mais également 12 mineraux…)


Les résultats de cette vaste étude montrent que certains efforts réalisés notamment par des restrictions ou interdictions réglementaires commencent à porter leurs fruits, puisqu’on note des évolutions positives par rapport à une étude précédente (EAT1, 2001-2005), pour des substances comme le plomb, les PCB ou les dioxines. Toutefois, on les retrouve encore dans un certain nombre d‘aliments ce qui laisse à penser que les efforts sont à poursuivre, puisque le risque ne peut toujours pas être écarté à ce jour les concernant. De plus, il est à souligner une hausse des expositions, par rapport à l’Etude d’Alimentation Totale précédente, pour certaines substances comme le cadmium, l’aluminium, le chrome, et certaines mycotoxines comme le déoxynivalénol.

De plus, s’agissant de 12 substances, il existe un risque de dépassement des valeurs toxiques de référence. C’est le cas de certains composés inorganiques (cadmium, arsenic inorganique, aluminium, méthylmercure), des sulfites (additif présent notamment dans le vin), d’une mycotoxine (deoxynivalénol, et ses dérivés), de l’acrylamide (composé néoformé lors de la cuisson) et d’un pesticide (diméthoate). Cela reste également le cas pour le plomb et les PCB, malgré la baisse constatée par rapport à l’étude d’alimentation totale précédente.

Parmi les sources d’exposition à ces substances, on retrouve, soit des aliments pouvant contribuer fortement à l’exposition, soit des aliments peu contaminés mais très consommés.

Exemples :
- Les céréales et les produits qui en sont issus (cadmium, plomb, aluminium, DON et dérivés), le café (cuivre, arsenic inorganique et acrylamide) et, dans une moindre mesure, le lait chez les enfants (plomb, zinc).
- Si on retrouve de l’arsenic pour l’essentiel dans les mollusques, crustacés ou poissons, l’aliment contribuant majoritairement à l’exposition est l’eau !
- Le diméthoate, substance pesticide, n’a été retrouvé dans aucun des échantillons analysés à 99,75%, et pour autant, présente un risque de dépassement de valeur toxique de référence pour les gros consommateurs de cerises.

Parmi les aliments forts contributeurs d’exposition à certains polluants, on note les poissons gras contaminés en dioxines et PCB, ou le thon, contaminé en Méthylmercure. L’Anses avait déjà émis des recommandations quant à la consommation des poissons gras, notamment pour les femmes enceintes ou en age de procréer qui demeurent actuelles(2)

Il apparaît donc, au vu de cette étude, que nos assiettes restent loin d’être parfaites. Ceci est d’autant plus vrai que cette photographie de notre alimentation n’a pas pris en compte les perturbateurs endocriniens comme le bisphenol A par exemple, ni n’éclaire sur l’effet cocktail que ces multiples substances une fois ingérées sont éventuellement susceptibles d’engendrer.

S’agissant des substances apparues comme présentant un risque de dépassement des valeurs toxicologiques de référence, cela doit passer par des mesures de gestion, au niveau réglementaire d’une part, ainsi que par des actions au niveau des différentes filières d’autre part.

Dans cette attente, il nous reste, à nous consommateurs, de veiller à varier et diversifier notre alimentation.


(1)http://www.anses.fr/PMEC007901.htm
(2)http://www.anses.fr/PNCC01.htm